La population prête à donner des millions $ aux producteurs agricoles pour réduire les pesticides
2 mars 2021Les gens veulent savoir ce qu’ils mangent et bien se nourrir, ça commence par le développement d’une agriculture réfléchie et durable, dit le professeur Jérôme Dupras
Ripon – Le 2 mars 2021 – Selon une étude menée par le professeur Jérôme Dupras, de l’Université du Québec en Outaouais (UQO) et récemment publiée dans le journal Ecological Economics, les Québécois et Québécoises sont prêts à offrir un soutien financier allant jusqu’à 176 millions $ par année aux producteurs agricoles afin qu’ils réduisent leur usage des pesticides.
« Ça fait des années qu’on parle de réduire l’utilisation des pesticides au Québec, cette étude démontre que l’engouement est là plus que jamais. C’est la première fois qu’une étude démontre l’ampleur de la volonté de la population à aider les producteurs. Les gens veulent savoir ce qu’ils mangent, et bien se nourrir ça commence par le développement d’une agriculture réfléchie et durable. En 2021, il faut plus que jamais se tourner vers les meilleures pratiques agricoles! » a indiqué M. Dupras, chercheur à l’Institut des sciences de la forêt tempérée (ISFORT) de l’UQO, et titulaire de la Chaire de recherche du Canada en économie écologique.
« Ces résultats font écho au Plan d’agriculture durable dévoilé en octobre dernier par le gouvernement provincial, et qui vise à accélérer l’adoption des meilleures pratiques agroenvironnementales d’ici 2030, on a ici un outil pour inciter à réduire l’utilisation des pesticides », précise pour sa part Sébastien Sauvé, professeur au Département de chimie de l’Université de Montréal et co-auteur de l’étude.
L’étude, basée sur une enquête auprès de 1 875 personnes, avait pour objectif de mesurer les préférences du grand public envers différents attributs constitutifs de programmes de soutien à l’agroenvironnement au Québec. Les résultats ont démontré une forte préférence des répondants pour les scénarios visant à réduire l’usage des pesticides, mais qu’ils seraient aussi prêts à payer jusqu’à 32 millions $ par an pour des pratiques visant plutôt à restaurer les milieux humides et hydriques en zones agricoles.
Pour la doctorante à l’Université du Québec en Outaouais et co-auteure de l’étude, Ann Lévesque, les résultats obtenus constituent une excellente nouvelle. « Chaque entreprise, chaque production agricole et chaque région fait face à des défis qui lui sont propres. L’utilisation d’une cible telle que la réduction des pesticides permettrait à chaque producteur agricole d’adopter les pratiques agroenvironnementales qui lui conviennent le mieux », explique madame Lévesque.
La rotation des cultures, les cultures intercalaires, les méthodes de lutte intégrée, l’agriculture de précision et la restauration de milieux naturels sont autant de pratiques qui permettent de réduire l’usage des pesticides. La création d’initiatives basées sur cet objectif et impliquant le public offrirait donc une grande flexibilité aux producteurs, qui auraient alors la possibilité de choisir parmi différentes stratégies.
L’article scientifique intitulé Financing on-farm ecosystem services in southern Quebec, Canada : A public call for pesticides reduction et dans lequel est dévoilé l’ensemble des résultats de l’étude, financée par Génome Québec, Génome Canada, le Ministère de l’Agriculture, des pêcheries et de l’Alimentation du Québec et le Conseil de recherche en sciences humaines du Canada, est disponible ici : https://www.crcecoeco.ca/wp-content/uploads/2021/02/Levesque-et-al-2021-Pesticides-PES.pdf
À propos de la Chaire de recherche du Canada en économie écologique
Dirigée par le professeur Jérôme Dupras, la Chaire de recherche du Canada en économie écologique est située à l’Institut des Sciences de la Forêt tempérée, de l’Université du Québec en Outaouais. Elle est constituée d’une équipe de 23 chercheurs et d’étudiants gradués, qui a pour objectif de mieux comprendre et de mesurer la contribution de la biodiversité et des écosystèmes au bien-être humain.
Pour plus d’informations, consultez le www.crcecoeco.ca/
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Source :
Gilles Mailloux
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