Les forêts en contexte incertain : comparaison de deux stratégies contrastées de gestion du risque à l’échelle locale et régionale en Wallonie et au Québec

Thème 3 : Forêts
Projets phares

Les forêts et le secteur forestier font face depuis plusieurs décennies à des évolutions sans précédent. Pourvoyeurs de nombreux services, les écosystèmes forestiers sont soumis à des demandes sociétales très diverses, parfois peu compatibles les unes avec les autres, et susceptibles de changer rapidement dans le temps et dans l’espace sous l’effet de facteurs multiples échappant largement au secteur forestier. Par ailleurs, les écosystèmes forestiers évoluent dans un contexte environnemental caractérisé par des changements inédits de nombreux facteurs biophysiques, interagissant les uns avec les autres de manière complexe. La vitesse et la magnitude de ces changements, qualifiés de globaux, sont tels qu’ils ne permettent pas de s’appuyer sur le passé pour prédire la réaction du système. Dans un contexte aussi incertain, une nouvelle approche de la gestion forestière, appelée ‘functional complex network approach’, a été récemment proposée. Elle se caractérise par une flexibilité des objectifs visés et par une analyse intégrative à l’échelle du paysage. S’appuyant sur les propriétés inhérentes aux systèmes complexes, elle vise à renforcer la capacité adaptative des forêts et leur aptitude à fournir des services multiples en optimisant la diversité fonctionnelle à l’échelle du paysage. 

Les changements globaux constituent une opportunité unique pour tester la pertinence de cette nouvelle approche et, le cas échéant, identifier les leviers à actionner pour la mettre en œuvre. Comme le montrent les enquêtes auprès des acteurs forestiers et les directives de gestion, deux stratégies d’adaptation contrastées sont le plus souvent mises en avant pour faire face aux changements climatiques. Une première repose sur l’introduction d’un nombre limité de nouveaux génotypes, espèces ou provenances, choisis en fonction des évolutions anticipées du climat, cultivés le plus souvent en monocultures dans un objectif principal de production de bois, et destinés à compléter les traits fonctionnels qui seraient absents dans le pool autochtone. La seconde stratégie dite de diversification face à l’incertitude vise à constituer des assemblages d’essences en vue d’assurer à la fois la diversité et la redondance fonctionnelle. À ces propositions sur l’adaptation écologique des écosystèmes forestiers aux changements globaux se greffent les réflexions sur l’intégration sociale et économique de ces approches. Ancrés dans la théorie des systèmes socio-écologiques, l’analyse des parties prenantes et de la gouvernance nous amène à considérer pleinement la formation des institutions à diverses échelles emboîtées. Ainsi, par rapport à des propositions de stratégies d’adaptation aux changements globaux, nous désirons savoir quels sont les besoins et les capacités des parties prenantes en fonction des dynamiques institutionnelles dans lesquelles elles évoluent.

Le projet vise à la fois à tester comment ces deux stratégies d’adaptation aux changements globaux affectent la résilience et la multifonctionnalité des forêts à l’échelle locale et régionale, et comment ces stratégies ont le potentiel d’intégrer formellement les politiques publiques et informellement les actions de diverses parties prenantes.

Financement : Programme bilatéral de recherche collaborative Québec – Fédération Wallonie Bruxelles – FRQ et F.R.S-FNRS
Durée : 2019 à 2023
Chercheurs principaux : Christian Messier et Quentin Ponette (UCLouvain)